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Lilas Qui ?

  • : Lilas Kwine
  • : Un blog pour souffler à contretemps qui passe, rire un bon coup et en reprendre un verre, évacuer les larmes pour les éco-recycler, tout ça dans des histoires parce beaucoup de mots pour pas dire grand chose c'est toujours mieux que rien.
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Lilas Quoi?

  • Lilas Kwine
  • Lilas Kwine aime les mots. Alors elle en fait des histoires pour surfers de l'imaginaire, voltigeurs de ciels d'orages, voleurs de siestes, palmiers de campagnes, poissons panés de la dernière pluie, clowns tachycardes. Et puis qui veut après tout
  • Lilas Kwine aime les mots. Alors elle en fait des histoires pour surfers de l'imaginaire, voltigeurs de ciels d'orages, voleurs de siestes, palmiers de campagnes, poissons panés de la dernière pluie, clowns tachycardes. Et puis qui veut après tout

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Lilas Où?

Faites tourner Folks

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Un rire de gourde, ça désaltère et c'est déjà bien.

7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 08:01


Ca se passe un mardi soir au froid mordant;
autour de moi la neige fait valser ses tornades blanches au rythme de decembre, ses flocons bleus pâles et glacés comme des cadavres sans maquillage pour nous cacher leur sombre réalité;

Depuis un bon moment déjà je ne sens plus mes doigts, quant à mes pieds il faut vous dire que mes panars sont aussi gelés qu'une cargaison de chez Picard.
C'est le bon moment pour aller se chauffer les orteils, ainsi que l'âme c'est décidé car ce soir je la sens blessée, mal à l'aise, comme bloquée là avec ma peine au fond de la gorge dans un espace de deux cm carré, beaucoup trop confinée pour elle

Aussi je songe à m'arrêter pour bavarder un peu et diluer tous ces états crispants, alléger ces angoisses qui m'empêchent de respirer ce sombre mardi soir où elle a foutu le camp.
Je m'arrête donc chez Bernard, l'ami de toutes mes solitudes, mon amère caractère et mes incertitudes.

Bernard, je fais les présentations, c'est celui des Pompes funèbres, le magasin d'en face, pas loin de la boutique de fleurs de la rue Vaugirard, à deux orteils de mon ancienne école primaire;
j'entre comme un soufffle éteint dans l'air chaud et marbré du spécialiste immobilier de vos dernières demeures: "salut Bernie mon frère" je lui lance, "comment vont les affaires ?"

Bernard il est pas que croque-mort, il est aussi grand philosophe avec d'ailleurs beaucoup d'humour;
Normal, à ne cotoyer que des morts, qui vous écoutent religieusement, et n'opposent à vos reflexions qu'un grand vide consentant ;
c'est pourquoi il répond "moi la crise je connais que celle des clients..."

Je dis à Bernard: "ce soir j'ai des questions existentielles plein la tête, j'ai besoin d'évacuer et d'un instant de vrai repos; si tu prends le temps de m'écouter, je te promets une petite bière".
je vous vois venir, je peux l'admettre, c'est pas glorieux à présent que vous connaissez son métier mais c'est une vieille blague entre nous, une très vieille blague ornée de toiles et de poussières qui a scellée notre amitié dans le cercueil de nos tourments, le jour où je l'ai rencontré.

Bernard était installé au comptoir d'un vieux zinc là bas juste au coin de la rue Vaugirard;
droit comme la mort, quelques lueurs mouillées dans le regard trahissaient cependant une lassitude de celle qui ne cherche plus de sollicitudes;
Je m'avançais pour sa commande, ah mais je vous ai pas dit, barman c'est ma profession, garçon ou serveur, c'est selon et puis parfois je fais psy de comptoir pour ceux qui n'ont que leurs douleurs comme seul moyen de paiement.

"Qu'est ce que ce sera" je demande au grand échalas perché sur le bar, "une bière" il dit, "une bière".
Je réponds tout de go, "c'est un peu tôt vous ne trouvez pas, pour s'enfermer entre quatre planches, vous préférez pas un petit canon, c'est ma tournée, je connais rien de mieux pour pas se laisser abattre".

Lentement, Bernard a levé vers moi ses yeux humides mais un plissement aux coin des yeux a trahi la fin de ses états malheureux; il a ri aux éclats comme pour la première fois depuis des années;

Bernard et moi on a scellé notre amitié dans le cerceuil de nos tourments, le jour où je l'ai rencontré.


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