tout à l'heure, je repensais à hier,
je repensais aux vagues, aux creux, aux bosses,
à nos agitations,
je re-songeais à nous,
à tout ce que je t'aime,
aux questions insolubles
qui larguent les boussoles
- furieusement -
j'étais là un peu fébrile
coincée là malhabile
entre l'ombre et le clair
entre ces émotions mâtinées
- comme ça faisait longtemps -
je pensais au passé,
défuntes nos vies d'avant
à nos anciens amants
nos amours esseulés
avec la nostalgie débile,
ne pas voir été première
je ne suis pas première
ni toi dans une baignoire
à se la couler douce
à souffler sur la mousse
à déjeuner sur l'eau
la prem's de la promo
à m'offrir à tes reins
t'entourer de mes bras
laisser mourir ton corps
là tout contre mes seins
à la nuit avancée
t'écrire des poèmes, des cartes des lettres des mots
t'offrir des présents au goût un peu douteux
t'emmener dîner dans des restaurants chics
me battre au coude à coude sur un sommier grinçant
à te courir après, cramoisie éperdue
- comme font tous les transis, bien sur -
et je me demandais si j'avais été la première
pour certaines fois
au moins
au moins pour certaines fois
- j'ai vraiment que ça à foutre -
je pensais à toi et un peu fataliste
je me disais
que n'as tu donc vécu
que je pourrais t'offrir
ni, ce que tu voudrais,
comment y parvenir ?
faut-il s'accrocher
à ce qui file au vent
avant que ne se pointent
quelques priorités ?
doit-on se contenter
de ce qu'il reste de temps
alors que se délitent
les illusions discrètes ?
mais...
j'aime tes fulgurances
à mesure qu'elles m'enlacent
je savoure tes sourires
nos vaines absences me lassent
tes baisers lourds me scotchent
au détour de l'instant
tes lèvres alanguies
compotant sur les miennes
tes allures me captivent
tes airs me font l'effet
d'une course haletante
jamais stoppée vraiment
j'adore comme à la fois
je hais que tu te démarques
ce sont les deux côtés
d'une même préface
mais jamais je ne veux
t'aimer d'amour amer
quel qu'en soit l'épilogue
je veux gagner la guerre !
je conserve pour toi
le charme de l'innocence
les sens retournés
de ta moindre indécence
je croise tous tes hasards
comme on croise un mystère
trébuche sur tes entraves
comme on croise le fer
je veux faire vibrer
tes cordes sentimentales
au risque de tirer
si fort qu'elles ne se rompent
je m'attarde à ta vie
comme on croise un miracle
et je me souviens...
du demi baiser, au bois...
et après ?
après je veux vivre une vie de fou avec toi
c'est ça ou rien
rien que ça
ou
rien