cette nuit avant de m'endormir, j'ai décalé dans le vaporeux oscillant
simplement n'avaient pas lieu d'être
et je me suis réveillée
Un rire de gourde, ça désaltère et c'est déjà
bien.
cette nuit avant de m'endormir, j'ai décalé dans le vaporeux oscillant
simplement n'avaient pas lieu d'être
et je me suis réveillée
La grève abandonnée, ôtée de chalands, ne laisse plus aucun doute au vent de janvier tandis qu'au loin dérive l'ombre d'un chercheur d'or sur le sable.
L'enclave molle des empreintes en fuite s'obstine à border quelques sentiers absents.
À suivre la course absurde du doigt, on les croirait en quête perpétuelle de fin d'horizon.
L'oraison des mouettes, les cormorans joueurs glanent les pensées du marcheur solitaire.
Tu remarques, à force de fricoter avec les embruns, l'antique gravière est devenue salière.
Le temps du château de sable est révolu, les coiffes ridicules ne s'envoleront plus.
C'est la morte saison, la fin d'un quart de cycle, la saison morte et blanche d'une fin de vacances.
Ainsi siestent sauvages, toutes les plages de l'hiver,
tandis qu'au loin toujours, un chercheur d'or sur le sable.
Le ressac rythme lent l'aller-retour des sargasses.
Il commande la place de l'algue au cimetière du rivage.
Une nouvelle lune au firmament a évincé l'ancienne - souviens-toi, qui embrasait l'océan d'un feu de paillettes canadiennes, mais d'automne indien n'en usait que les couleurs.
Alors, il faisait chaud aux corps, là à deux pas de haute mer avec toi, la canicule était d'humeur à tenir nos coeurs battants.
À présent que les glaces de janvier n'ont plus le goût de crème, l'iode colonise profond les sinus et marchande l'envie pressante d'un plateau de fruits de mer.
On déambule tranquilles sur le carreau de digue rapiécé par le vent.
Tu glisses une main dans la mienne; je n'ai plus aucune envie de la remettre en poche.
Sur le vieux port, dans les gargotes des pêcheurs, on dégote notre bonheur bien sur.
Janvier c'est le mois de la St-Jacques, c'est le mois de l'huitre, de la praire et des bigorneaux.
Et si l'entre-deux-mer manque cruellement, le muscadet ne fait pas de vieux os entre nos mains, le long de nos gorges presque closes et les battements réguliers de nos regards s'abandonnent au ressac.
la plage est quasi déserte mais elle est bien la seule
Au large, en surface des scintillements de midi, étalé dans une bande d'eau, ridiculement proche des côtes, dans le calme olympien, tout le monde attend.
On s'assoit pour observer.
Sur le sable glacé, bras en couronne autour des genoux, écharpes épaisses nouées en heaume laineux, la trace de tes doigts disparus ne m'a pas échappé, et j'en souris.
Un chemin passant s'établit implicite entre les corps élastiques que le courant déplace au gré du swell capricieux
Là, les regards se croisent furtifs, rêveurs ou attentifs.
Ces endroits génériques où demeure la félicité de rencontres silencieuses, à cet instant il nous semble que ces endroits là existent, hors de l'attente transfuge
Et si l'on perd la notion du temps, on reconnait les profils du genre: les fougueux, les têtes brûlées et les experts sont aux premières loges, les patients et les douteux à quelques mètres en retrait.
Ici l'océan est aux commandes, qui déclenche la migration d'un peuple de nomades.
La houle court vers la côte, se gonfle et se déforme depuis quelques miles déjà .
De loin en loin, des silhouettes allongent souples leurs ombres, incitant le groupe au mouvement général vers le large
D'autres se tournent et se redressent, à califourchon sur leur planches, le creux de leurs lombaires appelle une déferlante grasse et puissante.
Ils rament sans hâte puisque c'est l'élan qui vient à eux.
Dans un instant, certains se feront happer dans les larmes de l'écume.
Les élégants marcheront sur l'onde, quelques secondes d'éternité
Avant l'envol, la dernière vision du continent leur offrira l'ombre bancale du chercheur d'or sur le sable.
tu vois cette histoire, elle n'a pas de nom
elle n'en a jamais eu
normal, je n'ai jamais su comment l'appeler
elle se paume dans les mots sans rimes de ma mémoire à ne savoir qu'en faire
à ne rien savoir faire d'autre que d'imaginer ses contours dérangés et j'en prends pour perpette
les mêmes me renvoyaient une image rayée qui me semblait familière; mais j'avais beau avoir ce sentiment cave de la connaître, essayer de la saisir revenait à se ridiculiser autant que de tenter d'attraper des doigts ce mot que tu avais juste là, sur le bout de la langue
j'en ai passé des heures à ravaler mon spleen après l'avoir mâchonné furieusement comme des feuilles de coca, dans une tentative brève et antalgique
je crevais d'anesthésier un peu mes muqueuses irritées du manque d'identité
des boulets d'enclumes en nausée massive, j'en ai eu ma dose, tu mesures pas, toutes solides, accrochées en périphérie de palpitant
ça s'entrechoquait dans un boucan de tous les diables mais personne n'entendait,
sauf moi, qui pourtant n'y entendait rien, à cette histoire sans nom
c'était pas pour rire au fond, rien que l'éclat lumineux parfois des gorges déployées par un bon mot, à part ça, c'était pas pour de rire, c'était pas pour rien, tu crois pas ?
au plus dur du tirant d'enclumes suspendues maladroitement, comme si un gamin de cinq ans les avait punaisées sans but au marteau, alors les veines gonflaient si forts qu'elles étaient sur le point de lâcher pour mieux se rompre, à répandre leur contenu visqueux au pli de l'aine
cette silhouette, je la désirais tellement dans mes égarements opiacés, je n'en conservais que le parfum répulsif de l'éther
mais personne et surtout pas moi, personne n'avait son mot à dire;
alors je ne récupérais que les scories du gravier mouvant, mourant entre mes poings, serrés jamais assez
pareil à un sablier moribond, je contemplais mon reflet en train de se vider de son sable sans rien pouvoir y faire
dans la catatonie de l'instant, je me résignais à punaiser une enclume supplémentaire, main gauche armée d'arrogance stupide, pleine de lourdeur moite
je me disais, allez, pour me mettre au défi, tenir un semblant de
c'est drôle, je me disais, si j'arrivais simplement à la nommer, j'arrêterais de la voir floue comme ces volutes de clopes plafonnées en fin de parcours; je prendrais son incorporéité pour preuve tangible de son inexistence, et la réalité des faits à bras le corps, comme les vrais, les téméraires, les rois de la gagne
avec l'innocence fraîche des heureux
mais une bonne résolution de même pas premier de l'an en exterminant une autre dans la seconde, j'oubliais chaque lettre posée sur le papier dès la suivante déposée
j'ajoutais un trait supplémentaire au pendu latéral souriant bêtement, pieds et bras dans le vide
et j'agitais le tout à la face de ceux qui cherchaient avec moi
pour l'exemple
Là,
encore là
où l'oubli succède à l'oubli
où se ressent la permanence en toute chose
où l'on se sent fluet
mais fébrile
de tant d'appartenance;
par ici la foule est dense,
en suspend à tes lèvres indécises,
ici les regards se croisent furtifs
- l'oeil vagabond ne reconnaît pas la demande,
ici l'intuition est aux commandes
d'une heure impitoyable et fondue
mais elle a perdu le contrôle
il y a bien longtemps
en vérité
à vouloir se tétaniser la conscience,
lassé du temps qui passe
le vivement s'est noyé
dans le quoi...
T'as pas le droit d'être pressé ! Non... Ah non ?
Pressé ne signifie rien de plus qu'une hâte malfamée
comme synonyme ridicule au gaspillage des secondes;
pourtant, quelques desseins déboulent
allongent large leurs ombres,
commandant sec sous les paupières
le mouvement vers le large;
oui quelque chose s'annonce,
dont tu n'as surement
qu'une idée vague mais
ce qui déferle ne rapplique
que lorsque l'envie lui prend.
Donc il ne serait question que de choix sans répit
l'hésitation se posant déjà en sanction à elle seule,
sans doute nulle part ailleurs qu'ici ce soir
ne s'agite en ton espoir, de place belle
où il ne soit autant question
d'instants
et de quête,
et de paix
fiévreuse
sans dépêche.
Est ce que je ne suis que ce rêve de quelqu'un
aux pensées trafiquées en bord de falaise ?
Est ce que tout se déroulera par dessus l'accore
comme dans mes cauchemars
où le poignard dégouline sa lame
à l'intérieur impassible
où le vide avale silencieux,
des kilomètres de cris
où les choix impossibles
président aux tortures élégantes ?
Au fond, est ce que tout réside en la gravité d'une fin
qui défile vite au détour
d'un cortège insolent
de questions inutiles
de réponses indiscrètes...
- tu sais, la trouille et le déchainement de quelques armes
m'auront vite enterrée sous le poids de leurs âmes -
Ne suis-je devant toi, que ce rêve étrange
où tout déroulerait comme dans une vie banale
dans l'espace calme d'un chagrin oublié
dans l'espace froid d'une réserve de larmes
dans l'espace sec d'une mise sous conditions
dans l'espace périmé des souffles sous contrôle...
Je considérais la liberté par la fenêtre
ou plutôt une certaine idée d'elle,
un soir indigeste de septembre et
je songeais à m'y pencher un peu,
demain sans doute, ou le jour d'après
sous le calme blanc d'une aube salutaire,
y passer les deux mains en signe de revers
tête la première sans penser aux lendemains
dans l'espace sourd de l'herbe mûre et tendre
dans l'espace cave d'une goutte d'infini
dans l'espace ivre mort d'une traînée indécente
ce soir plus que tout,
je ne voulais pas
être
négligeable.
- Go -
Elle a tourné le dos.
Et puis merde, allez...
Comme elle était sur le point de rentrer, j'ai saisi son épaule et mon courage de la main gauche.
Elle s'est retournée vers moi.
Dix centimètres une seconde plus tard, j'ai collé mes lèvres sur les siennes.
Même pas maladroitement. Sans brusquerie. Même pas timide. Le geste osé. Juste posé.
Tout à fait cool.
Du moins en apparence.
En interne, tu imagines : mésentère en fusion. Pulsation à trois cent. Fallait pas s'étonner, pas espérer moins quand même.
Mais j'avais anticipé. Mis les prévisions en veilleuse. Réponse du berger à la bergère en solution de repli : réaction viscérale, quasi instantanée.
Elle n'a pas eu le temps de contester. Et moi non plus. Surtout pas moi.
Je n'ai pas flanché. Elle n'a pas reculé.
Pensée pixelle :
Zone cible atteinte, Flagship.
Conditions de voyages :
Trajets sinueux. Détours torturés. Sentiers de fortune.
Si la stratosphère possède un point de chute, ce sont ces lèvres. Vers lesquelles :
- J'ai convergé tant de fois - J'ai dévié à temps.
- Plus tard -
Je ne saurais retracer la durée de l'escale. Elle n'a pas reculé, je te dis. C'est ce dont je me souviens, des années après. Comme un négatif en 3D. Ça et l'odeur de sa nuque. Confort de l'atterrissage, l'impression tenace d'avoir circulé sur le velours, un instant critique, des secondes d'éternité. Ce sentiment surpuissant, la fêlure de l'iceberg, l'inscription dans le cristal de l'ivresse.
- Flash-Back -
Elle a saisi ma ceinture. Je l'ai plaquée contre le mur sans lâcher prise aux commissures. La brique était crayeuse et l'air tiède sous les débardeurs signalait la rafale des pouls arythmiques. De face et de profil, ça s'entrechoquait sévère, c'était Duel en dedans. Syncope pour un arrêt sur une bonne mesure de temps, j'aurais tué pour ne pas être ailleurs qu'ici. J'avais ses cheveux entre les doigts – et de là sans regret, mes mains pressées plus tard un peu plus loin, et je respirais son parfum acidulé. Il zestait les rayons de chaleur d'éclats agrumes sur sa peau mate. Mon dieu, tu sais, on était comme ces fous, qui répètent rayés, que si le temps passe vite, il faut juste courir à son rythme. La folie ne gagne rien au contact de la raison. J'avais la folie en orbite qui crevait les bordures d'une voûte d'azur. Et je pensais, non, rien, je ne pensais pas, ce serait mentir, rien de rien que nous en vie contre la craie, et puis, tourner le dos, avec à la main, la trace de son sourire.
- Durée de la concession -
Ad vitam.
Elle a un ruban bleu dans les cheveux, qui contraste étrangement avec les reflets anthracites de ses vêtements.
Son regard s'égare dans une destination lointaine où je n'ai pas ma place.
Occupé d'autres hésitants.
J'ai tout du clandestin de passage. Je suis l'outlaw improviste.
Nous avons la même destination mais elle l'ignore.
La nuit je ne vois que du bleu.
Toutes mes nuits sont bleues.
Toutes les heures s'allongent.
Ne subsiste qu'un espace flou où le temps se dilue entre les interstices du silence.
Je m'étends entre les bras de ces contrées froides où elle n'existe pas.
Je pense à ses cheveux réglisse qu'elle enroule délicatement autour de l'index.
Il faut savoir se laisser faire. Le lâcher prise demande un courage certain.
Se faire souffler l'esprit par les émotions.
S'y laisser sombrer radical comme le galet vole et ricoche du mieux possible en surface, et touche le fond, après l'apesanteur.
Alors, accepter les traversées périlleuses. Entendre croitrent et se craqueler si clairement les bordures du trouble au delà du censé.
En remettre une couche, de refus obstiné, sur les crevasses des quotidiens.
Abuser de soi, se contraindre aux limites de la casse, jusqu'à frôler l'altération.
Reconnaître qu'on a enjambé la frontière. Souvent par effraction.
Se voir fracasser de l'épaule, la clé de voûte des résistances. Deviner la limite, celle que l'on franchira à bout de souffles.
Amortir les battements lourds du martellement dans les artères.
Il faut courber le dos sous la cisaille des déchirures, puisqu'on refuse l'anesthésie. L'anesthésie serait bien la pire erreur.
Mais je suis bien disposée à l'attraction. Neuf fois sur dix, c'est l'escalade sans cordée. Anthracite despote en gravité, déposé là, papillon à l'estomac bien noué. Si disposée à l'attraction.
Dans la nuit bleue, le désir c'est l'agonie. Les cordes de l'orchestre frisent à l'unisson. Et c'est le corps qui crisse si fort, qu'à l'apogée de la douleur, on se surprend à désirer fugace, la mort du renoncement.
Les nuits noyées de cyan, ma mémoire régurgite brutalement tout ce bleu encastré dans le réceptacle des affects insistants.
Se perdre
Se perdre
- intermezzo -
Bleu nuit
Bleu clair
Bleu pluie
Bleu ciel
Bleu terre
- pause -
Mourir
planer
Sourire
Pleurer
Se perdre
- silence -